La Réunion des Rhums réunit deux syndicats, le Syndicat des producteurs de rhum de la Réunion (SPRR) et la Fédération interprofessionnelle des alcools de canne de la Réunion (FIACRE), qui ont uni leurs forces pour défendre l’image d’une filière qui s’inscrit depuis plus de 300 ans dans l’histoire de l’île.
C’est le 5 novembre 1925, à 14 heures, au 104 rue Labourdonnais à Saint-Denis que le Syndicat des producteurs de rhum de la Réunion (SPRR) voit le jour, sous l’impulsion conjointe de M. Léonus Bénard, administrateur de la société L. Bénard et propriétaire de 2 distilleries, et M. Héliard, directeur de l’Agence des Sucreries coloniales qui est à l’époque propriétaire de 3 distilleries. Cette nouvelle formation, qui se réclame de la loi du 21 mars 1884, entend défendre les intérêts du rhum réunionnais sur le marché local, en métropole, mais aussi dans la zone océan Indien. A cette époque, la Réunion comptait une vingtaine de distilleries en activité.
L’assemblée constitutive du Syndicat est réunie au bureau de M. Edouard Macé, négociant et secrétaire du Syndicat des fabricants de sucre, lui-même fondé en 1908. Parmi les membres, plusieurs noms qui ont marqué l’histoire industrielle de La Réunion : Anatole Hugot, administrateur des sociétés Bellier, Adam de Villier, L’Eperon et Savanna qui détiennent chacune une distillerie ; Alfred Isautier, propriétaire de la distillerie familiale ; René Payet, propriétaire de la distillerie Rivière du Mât ; Jean Chatel, propriétaire de la distillerie Barre et Chatel…
En mars 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale, une nouvelle législation imposée par le régime de Vichy débouche sur la dissolution du Syndicat des producteurs de rhum. Le 2 avril 1942, le Syndicat tient donc sa dernière assemblée générale, sous la présidence de Pierre Campenon. Le 16 avril 1942, le Syndicat est officiellement remplacé par « la Sous-section des distilleries » qui organise la première séance de son bureau consultatif, sous la présidence de Marius Séjourné… Cette sous-section n’en tiendra finalement que trois. Le 2 mars 1943, la parution de l’ordonnance n°46, signée par le Général de Gaulle, « relative au rétablissement de la légalité républicaine dans l’Ile de la Réunion » change complètement la donne : elle affirme l’inconstitutionnalité du régime de Vichy et rétablit l’état du droit antérieur à l’abolition de la IIIe République à la Réunion. Les organisations professionnelles qui existaient sous le régime de Vichy sont donc supprimées : les distillateurs réunionnais doivent en urgence reconstituer une association syndicale.
« L’ordonnance n°46 ne validant pas entre autres les décrets ministériels du 6 décembre 1940 (loi relative à l’organisation de groupements professionnels dans les colonies, ndlr) et du 5 mars 1941 (loi modifiant la loi du 6 décembre 1940 relative à l’organisation de groupements professionnels dans les colonies, ndlr) instituant les groupements professionnels coloniaux, les Distillateurs prient M. Armand Barau, délégué permanent en fonction de demander au Commissaire du Gouvernement si la Sous-section des distilleries peut encore exister légalement. D’autre part, comme il est de première importance que les Distillateurs continuent d’être groupés pour la défense de leurs intérêts économiques, industriels, sociaux et commerciaux, il est décidé, à l’unanimité, que pour le cas où la Sous-Section des distilleries ne pourrait plus remplir ce rôle, le Syndicat des producteurs de rhum de La Réunion reprendrait immédiatement son activité à son ancien siège social et les fonds appartement à l’ancien Groupement professionnel lui seraient versés », indique le Syndicat des producteurs de rhum dans son procès-verbal du 18 mars 1943. « Il est décidé, à l’unanimité, que, puisque les circonstances le commandent, le Syndicat des producteurs de rhum sera reconstitué », note la Sous-section des distilleries dans son compte-rendu du même jour.
Rieul Dupuis, administrateur des Etablissements Bénard et Casernes et de la société du Piton Saint-Joseph, est à nouveau élu président : le Syndicat des producteurs de rhum de la Réunion est officiellement « reconstitué » le 26 mars 1943.
Depuis la création du SPRR, le marché du rhum à la Réunion a profondément muté suite aux fermetures de sites ou au rachat de certaines entreprises. Au début des années 2010, c’est la vente des activités du groupe Quartier-Français qui provoque un profond renouveau. D’abord rachetées par l’industriel sucrier Tereos, certaines activités, notamment celles liées au rhum, doivent être cédées. Les deux distilleries qui appartenaient au groupe Quartier-Français, Rivière du Mât et Savanna, sont alors vendues pour respecter les préconisations de l’Autorité de la concurrence. Aujourd’hui, les 3 distilleries industrielles de l’île (Rivière du Mât, Savanna et Isautier) sont indépendantes : chacune est membre du Syndicat des producteurs de rhum de la Réunion. Le SPRR est présidé actuellement par Alain Chatel.
Créée en juin 2003, la Fédération interprofessionnelle des alcools de canne de La Réunion (FIACRE), a pour objectif de regrouper les entreprises exerçant à titre principal à La Réunion, ayant une activité de distillateurs, de producteurs de rhums et d’alcools de canne de la Réunion ou une activité de liquoristes, transformateurs d’alcools de canne de la Réunion. Présidée par Jérôme Isautier, la FIACRE assure la promotion des intérêts économiques, industriels et commerciaux des distillateurs et liquoristes de La Réunion. Elle regroupe à ce jour les trois distilleries de l’île, la société Rhums et punchs Isautier, la liquoristerie J. Chatel et l’entreprise Mascarin qui distribue Rivière du Mât à La Réunion.
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